Le plus méridional des deux édifices, et aussi le plus
grand, a été consacré par Ramsès II au dieu Rê-Horakhty ainsi qu’à la
forme divinisée du roi lui-même, et porte le simple nom de « Maison de
Ramsès aimé d’Amon ». Il est orienté vers l’est de manière telle que,
deux fois par an, aux équinoxes, les rayons du soleil levant, pénétrant
dans le temple par l’étroite porte d’entrée, venaient frapper de face
et éclairer les statues au fond du naos. La porte d’accès au temenos permet
de pénétrer dans l’avant-cour, puis sur la terrasse, tandis que le niveau
du sol s’élève graduellement. La façade de grès rose est large de près
de 40 mètres et haute d’une trentaine de mètres. Elle culmine au-dessus
du niveau de la mer de près de 200 mètres, ayant été rehaussée d’une soixantaine
de mètres environ après le déplacement des temples. De part et d’autre
de l’étroite porte d’entrée, quatre gigantesques colosses de Ramsès II
assis, d’une vingtaine de mètres de hauteur et taillés dans le roc, gardent
l’accès de l’édifice. En dépit de leur monumentalité, les colosses sont
d’une exécution parfaite. Le roi, vêtu d’un pagne, mains posées sur les
genoux, coiffé du némès surmonté du pschent (réunion de la couronne rouge
de Basse-Égypte et de la couronne blanche de Haute-Égypte) est flanqué
de membres de sa famille : sa mère, la reine Touy, la grande épouse Nefertari
et quelques-uns de ses nombreux enfants. Une niche surmonte la porte,
dans laquelle le dieu Rê-Horakhty à tête de faucon et corps d’homme, tenant
le sceptre ouser et accompagné de la déesse Maât, représente, sous forme
de cryptogramme, le prénom du roi : Ousermaâtrê. Au sommet de la façade,
vingt-deux cynocéphales, disposés en frise, adressent une adoration perpétuelle
au soleil levant auquel ils font face.
Les
temples d’Abou Simbel, mis en péril par la construction du grand barrage
d’Assouan, furent, avec les autres temples de basse Nubie, l’objet d’une
vaste campagne de sauvetage internationale, dirigée par l’U.N.E.S.C.O.
à la demande de l’Égypte et qui se déroula de 1963 à 1968. Le déplacement
des deux temples, qui présentait des difficultés considérables, fut indubitablement
une grande prouesse technique .
Le sommet des collines ayant été arasé, on commença par renforcer la pierre,
trop friable, dans laquelle étaient creusés les temples avant de les découper
en 1 036 blocs, dont certains pesaient jusqu’à 30 tonnes. Ces blocs ayant
été numérotés et stockés, on procéda ensuite à la reconstruction des monuments,
en respectant leur orientation primitive et leur position respective,
quelques 60 mètres plus haut, hors d’atteinte des eaux. Chacun des temples
a été protégé par une superstructure de béton voûtée, dissimulée par les
collines qui ont été reconstituées. On retrouve ainsi aujourd’hui le même
paysage que jadis.
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