Karnak est sans nul doute le temple le plus grandiose de toute l'Egypte. Il
ne s'agit pas seulement d'un temple, mais plus précisément d'un
énorme complexe, dont la majeure partie fut bâtie sous le Nouvel
Empire(1580-1160 av. JC). Mais les constructions s'étalèrent de
1960 av. JC à l'an zéro, soit sur près de 2000 ans. Le
complexe est la maison d'Amon, et son seul vrai serviteur est Pharaon lui-même.
Chaque matin, le dieu est éveillé en musique, parfumé et
encensé. Pendant la journée, on lui apporte des offrandes en guise
de repas. Le soir, Pharaon referme les portes du Naos, et s'éloigne à
reculons. Pour l'assister dans sa tâche, Pharaon eut jusqu'à 8000
prêtres !
Pendant près de vingt siècles, des potiers, des tailleurs de pierre, des peintres travaillèrent sur ce complexe à la gloire d'Amon. Car chacun des pharaons bâtit de nouveaux pylônes, érigea de nouvelles statues, agrandît les temples, afin d'associer son nom à celui d'Amon. Karnak était un chantier permanent.
Temple en perpétuelle transformation, symbole de la foi, puisqu'un temple terminé est une oeuvre morte. A l'époque, il importait de toujours laisser à un monument les moyens de s'agrandir. Karnak était plus un lieu de vie et de création, qu'un lieu de prière et de contemplation. Cependant, certains pharaons sans scrupules s'approprièrent les oeuvres des autres, en gravant leur cartouche à la place de l'ancien. C'est d'ailleurs pour cette raison, que sur tous ses monuments, Ramsès II a fait gravé très profondément son cartouche. D'autres firent place nette en détruisant les oeuvres de leurs prédécesseurs. Le site se compose de trois grands ensembles architecturaux :
Le temple principal d'Amon sur 28 hectares
Le temple de Mout son épouse sur 9 ha
Le temple de Montou, le dieu de la guerre sur 3 ha
La cohérence du site s'est envolée au cours des siècles, au fil des constructions nouvelles. Les différents pharaons ont bâti les uns par dessus les autres. Schématiquement, chaque ensemble est constitué d'un temple principal consacré au dieu, et où seuls les grands prêtres pouvaient accéder. Tout autour s'étendent d'autres petits temples, de toutes tailles et de toutes formes. Chaque ensemble possède un lac sacré où les prêtres se purifiaient.
Le temple
d'Amon est entouré d'une enceinte en brique de terre dont l'ondulation
rappelle les eaux sacrées du Nil.
La salle hypostyle
est assurément le plus bel ensemble du site. Cette salle est dotée
de 134 colonnes massives dont les chapiteaux sont en forme de papyrus. Sur le
coté droit, se trouve des
scènes de victoire de Ramsès II. Le haut des colonnes et des bas-reliefs
ont encore de très beaux
restes de polychromie. Les piliers centraux sont plus hauts que les autres.
Ces derniers abritaient
au-dessus un dernier étage dont il subsiste quelques vestiges. Cette
salle de 102 m de long et 53 m de large (environ un demi hectare) est un lieu
absolument magique par la lumière diffuse qui s'en dégage. Commencée
sous Aménophis III, elle fut poursuivie par Ramsès II, et achevée
par Ramsès IV.
La partie suivante est la cour d'Aménophis III. Composée de quatre obélisques à l'origine, il n'en reste qu'un, absolument admirable. Il fut dressé par la reine Hatchepsout. Il culmine à 30 m de hauteur et pèse 200 tonnes, et n'a nécessité que 7 mois de travail ! Les pierres que l'on voit devant étaient destinées à cacher cet obélisque du soleil, car le neveu de la reine spolié du pouvoir pendant de longues années, a voulu détruire toutes ses effigies et cartouches, mais les temples étant sacrés, il n'a pu que cacher l'obélisque. Derrière, se situe le dernier des quatre obélisques dressés par Thoutmôsis Ier.
Dans la partie suivante, au fond, se situe l'Akh-Menou, reconnaissable à ses colonnes et sa rangée de gros piliers carrés. L'intérieur dispose de beaux vestiges de reliefs polychromes et d'une voûte étoilée. Ce lieu aurait été utilisé comme église par les chrétiens.
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